mardi 1 septembre 2009

Biologiste : une expertise à corrompre!

Encore aujourd’hui, en 2007, n’importe qui peut se dire biologiste ou microbiologiste… et agir comme tel dans des dossiers complexes aux répercussions importantes, qu’il s’agisse de gérer des ressources vivantes, de prévenir la transmission de pathogènes, d’aménager des milieux naturels ou encore d’évaluer l’impact de certaines activités humaines. Pourtant, jour après jour, de débats en discours, les politiciens font de l’environnement et de la santé leurs objectifs prioritaires, prônent le développement durable dans la gestion des activités humaines et insistent sur l’importance de responsabiliser les intervenants dans le domaine.Dans les faits, biologistes et microbiologistes sont des acteurs incontournables quant aux décisions importantes que doit prendre la collectivité pour la protection de la santé et des ressources naturelles. Pourtant, ils subissent quotidiennement des pressions pour qu’un dossier donné prenne une direction ou une autre, sans bénéficier du soutien d’un code d’éthique ou d’une charte professionnelle. Pire encore, d’autres professionnels se substituent régulièrement aux biologistes et microbiologistes, avec des résultats parfois catastrophiques. Par conséquent, l’incorporation des biologistes et microbiologistes devient essentielle puisqu’elle seule permettrait de garantir la qualité de leurs services, ainsi qu’une protection accrue du public et de son milieu de vie.Fruit de plus de trente années de démarches, le dossier de l’incorporation des biologistes et des microbiologistes est une fois de plus entre les mains du gouvernement du Québec, qui en a déjà reconnu la pertinence à plusieurs reprises. Justifiée par des enjeux de plus en plus évidents (réchauffement climatique, destruction des milieux humides, OGM, énergies « propres », contaminations bactériennes, algues bleues, zoonoses, etc.), cette démarche d’incorporation est aujourd’hui appuyée par de nombreux ministères et corps professionnels (Ordre des ingénieurs forestiers du Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, ministère de la Sécurité publique, etc.).Pourtant, cette fois encore, il semble que le dossier des biologistes et microbiologistes ait été « mis en suspens ». Nous attendons en effet toujours la réponse qui devait nous être donnée, il y a déjà plusieurs semaines, par l’Office des professions du Québec (OPQ).Il est vrai que, si l’absence de statut professionnel pour les biologistes et microbiologistes fait courir des risques importants à la collectivité en termes de sécurité publique et de conservation des ressources naturelles, elle fournit également à certains arrivistes et autres manipulateurs une marge de manoeuvre bien confortable. Sans statut professionnel officiel, n’importe qui peut facilement se substituer à un biologiste, contester son travail ou remettre en question ses recommandations. Cette lacune importante, dans nos mécanismes de protection de l’environnement et du public, est ainsi régulièrement exploitée, par le secteur privé comme par certains responsables gouvernementaux, dans le but de « relativiser » certains résultats jugés non désirables. Il est dès lors facile d’imaginer les pressions importantes dont le gouvernement fait probablement l’objet depuis le commencement des démarches, il y a 30 ans, pour éviter que les biologistes et microbiologistes n’obtiennent gain de cause.Il n’en reste pas moins inconcevable que le gouvernement actuel, et plus particulièrement M. Jean Charest, qui fait du développement durable et de la protection de la biodiversité un de ses principaux chevaux de bataille, puisse continuer à ignorer l’urgence de la situation. D’autres provinces du Canada ont d’ailleurs déjà réglé ce problème en dotant leurs biologistes d’un ordre professionnel.À une époque où des nombreux microorganismes doivent être surveillés de près (E. coli, C. difficile, SRAS, grippe aviaire, cyanobactéries, etc.), où certaines technologies du vivant comme les OGM se développent très rapidement, où la pêche commerciale exploite de nouvelles espèces sans inquiétude pour les stocks disponibles ou leur renouvellement, où de grands projets se développent partout à travers la province, avec des impacts potentiellement importants sur l’environnement (réseaux routiers, ports méthaniers, parcs éoliens, etc.) – bref, une époque où enjeux et défis environnementaux se succèdent – l’absence de protection et de contrôle des professionnels oeuvrant dans le domaine du vivant nous inquiète! De plus en plus de temps et d’argent sont dépensés en expertises douteuses ou en contre-expertises : il est temps de se donner les moyens d’offrir au public des services d’une qualité réelle et contrôlée. Pour que les projets puissent se réaliser dans les meilleures conditions possibles, avec un minimum d’impact sur l’environnement et la santé publique.
…car il est inacceptable de laisser n’importe qui faire n’importe quoi!

Administrateurs, ABQ

8 commentaires:

  1. Il me semble qu’il est plus que temps que les enjeux importants (Santé publique, diffusion des maladies infectieuses, algues bleus, etc.) soit traité par des professionnels reconnus et régis par un code d’éthique !

    Valérie

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  2. Je suis tout à fait d’accord ! Il est plus que temps qu’on responsabilise les biologistes tout en reconnaissant leur apport important à notre société. Il est inconcevable que la situation demeure ainsi !

    Signez la pétition pour l’incorporation des biologistes et microbiologistes du Québec :
    http://www.incorporation-abqamq.ca/accueil.htm#petition

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  3. Je constate que nos biologistes du Québec sont de plus en plus conscients de l’importance de leur rôle et de leur profession. Bravo! L’étude du vivant est vaste. Il faut donc des spécialistes dans chaque domaine pour bien réussir à maintenir l’équilibre écologique et comprendre les inter-relations entre les organismes vivants (y compris l’être humain). Comme biologistes, nous avons cette obligation. Chacun sa profession pour une meilleure vie sur Terre.

    Je vous invite à dire aux biologistes du Québec qu’il y a un blogue pour eux. Pour qu’ils s’expriment et donnent leur opinion sur les enjeux cruciaux de notre planète.

    J’invite tous les biologistes de la francophonie à s’exprimer également. Dites nous quelle place ont les biologistes dans votre pays, province ou contrée. Ont-ils leur juste place? Réussissent-ils à travailler conjointement avec d’autres professions pour une planète plus propre et en santé?

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  4. Je suis membre de l’ABQ depuis 1979. Vos arguments sont les mêmes qu’en ce temps-là…et l’inaction du Gouvernement du Québec aussi. Je m’étais dit que la poursuite de l’incorporation était devenue futile, qu’il fallait plutôt faire valoir notre profession par la qualité et la quantité de ses interventions sur la place publique. Mais il faut hélas admettre que la reconnaissance professionnelle est une étape incontournable dans notre monde de plus en plus normé et officialisé. Toutefois, le système professionnel québécois existe pour protéger ceux qui en font déjà partie même s’il dit vouloir protéger le public. C’est donc l’impasse. Les géologues ont obtenu leur reconnaissance à cause du scandale Bre-X. Il ne nous reste plus qu’à souhaiter une catastrophe biologique pour nous servir.

    Paul G. Chénard

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  5. Je pense que Monsieur Chénard a oublié que NOUS transcendons les CONSÉQUENCES de SUR-EXPLOITATIONS dont les BIOLOGISTES avaient déjà prévenus les instances décisionnelles du GOUVERNEMENT du Québec. À titre d’exemples probants, je VOUS raconte le CHEMINEMENT de ma CARRIÈRE au sein de CELUI-CI…

    Donc, de novembre 1978 à mars 1981, j’étais à l’emploi du Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, au Service de l’Aménagement et de l’Exploitation de la Faune/M.L.C.P.-S.A.E.F., ayant à faire de multiples inventaires aériens de Gros Gibier, dans la Région de l’OUTAOUAIS. Lors de ceux-ci, il NOUS fut possible de voir jusqu’à quel point les forêts étaient sur-exploitées par les Compagnies forestières. Les Ingénieurs(es) forestiers(ères)du Ministère des TERRES et FORÊTS/M.T.F. étaient les seuls(es) à avoir du POIDS et nos doléances étaient laissées pour compte. Seules des lisières de protections étaient laissées intactes le long des plans d’eau et les tributaires dans lesquels ceux-ci aboutissent ou originent . Mais, tout le reste étaient systématiquement “rasé”. Ce n’était que dans l’OUTAOUAIS donc, imaginez ce qu’il en était déjà du reste de la Province où la matière ligneuse était exploitable. Mais, nos patrons NOUS mentionnaient que ÇA repoussait et qu’il fallait récupérer le BOIS pour la VALEUR MARCHANDE dont on pouvaient en tirer, avant qu’il tombe de lui-même…

    Mais, de nos jours, l’ÉROSION des SOLS qui résulte de cette SUR-EXPLOITATION des forêts aboutit dans les PLANS d’EAU et colmate les fonds des lacs et des rivières, de sorte que pratiquement aucun renouvellement de la flore aquatique n’est notable. Ce NON-renouvellement se répercute sur toute la chaîne alimentaire de la FAUNE AQUATIQUE, de sorte que ces PLANS d’EAU “s’EUTROPHISENT” de plus en PLUS et la PÊCHE SPORTIVE est en DÉCLIN.

    Puis, de mars 1981 à octobre 1982, bénéficiant d’une mutation dans l’APPAREIL GOUVERNEMENTAL, je remplis un poste de biologiste/chercheur au Ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation du Québec-Direction de la Recherche Scientifique et Technique/M.A.P.A.Q.-D.R.S.T. mais, au bout d’une année et demi de perfectionnement de l’efficacité de et de la sélectivité de Ceux-ci, je m’aperçus que la taille moyenne des prises récoltées n’avait de cesse de diminuer. J’avais eu beau rendre plus SÉLECTIFS les SEINES et les CHALUTS, le MAL était déjà fait. Alors, notre Équipe de Biologistes Chercheurs(es) s’est rendue à Québec rencontrer les Instances décisionnelles du M.A.P.A.Q., dans le BUT ultime de les prévenir qu’on ne pouvaient continuer ainsi à SUR-EXPLOITER la FAUNE MARINE, puisqu’ELLE donnait déjà des signes d’ÉPUISEMENT…

    La seule réponse que NOUS avons reçue est que: “ce sont des gens comme les pêcheurs(es) qui élisent les GOUVERNEMENTS et il faut les satisfaire.”

    Notre avis n’a jamais eu le poids d’un PRO. qui peut influencer cette MACHINE et la PÊCHE a continuée de SUR-EXPLOITER la RESSOURCE HALIEUTIQUE jusqu’à ce que CELLE-CI soit suspendue indéfiniment. Alors, un autre exemple du peu de poids que notre avis de “petit biologiste” ait pu avoir.

    D’OÙ, il est évident que d’accéder au STATUT de PROFESSIONNEL(LE) devrait NOUS permettre d’influencer la MACHINE GOUVERNEMENTALE, qui reste la DERNIÈRE qui a la MAINMISE sur les CHOIX d’EXPLOITATIONS qui devraient être soumis à une STRICTE SURVEILLANCE. C’est notre RÔLE de protéger les RESSOURCES VÉGÉTALES et ANIMALES alors, qu’on NOUS donnent les OUTILS pour le faire…


    Maurice Monette

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  6. Je pense que l’incorparation des biologistes est nécessaire dans le monde dans lequel on vit. Étudier pendant des années pour ensuite se rendre compte que nous n’avons aucun pouvoir et que bien des gens nous voient comme des empêcheurs du développement, c’est décourageant.

    Je suis depuis peu sur le marché du travail et je réalise déjà que les biologistes se font malmener. J’ai vu des biologistes avec 20 ans d’expérience être écrasés lors de rencontre pour des projets dans lesquels ils étaient les consultants. J’ai vu des promotteurs leur dire… bon là tu vas écrire ceci ou cela parce que moi je veux faire mon projet…

    Si les biologistes ne se conforment pas à la volonté des développeurs, et bien ils vont s’en trouver un autre ou faire signer leur déclaration par un de leur amis qui pensent comme eux. Et bye bye les contrats…

    C’est d’une tristesse.

    Si c’était à refaire, bien que je sois passionnée de biologie et d’environnement, je n’aurais pas étudié dans ce domaine. Beaucoup de jeunes bilogistes pensent la même chose.

    Marie-Eve

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  7. Tous ces précédents commentaires sur notre profession de biologiste, notre rôle et nos responsabilités sont encourageants. Du mois, je constate que notre projet d’incorporation des biologistes du Québec ne laisse personne indifférent. Il faut maintenant nous mobiliser davantage, car la force du nombre est importante pour faire évoluer un dossier comme celui-là. Nous sommes environ 475 membres de l’association des biologistes du Québec actuellement. C’est le triple qu’il nous faut, et même plus. Combien sommes-nous de biologistes actifs au Québec? Certains avancent le chiffre de 1500, d’autres 3000. Selon vous? Recrutez un membre. Rendez-vous sur le site de l’ABQ (www.abq.qc.ca).

    Biologiste

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  8. Les biologistes : necessaires ? reconnus ?
    Laissez moi rire !

    Rien qu'en lisant le
    Q-2, r. 22 Q-2, r.8 Règlement sur l'évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées
    on y lit à l'article 4.1 :

    4° une étude de caractérisation du site et du terrain naturel réalisée par une personne qui est membre d'un ordre professionnel compétent en la matière et comprenant:


    a) la topographie du site;


    b) la pente du terrain récepteur;


    c) le niveau de perméabilité du sol du terrain récepteur en indiquant la méthodologie utilisée pour établir le niveau de perméabilité du sol;


    d) le niveau du roc, des eaux souterraines ou de toute couche de sol perméable, peu perméable ou imperméable, selon le cas, sous la surface du terrain récepteur;


    e) l'indication de tout élément pouvant influencer la localisation ou la construction d'un dispositif de traitement;

    Le point est important, car la presence d'un milieu humide est un élément pouvant influencer la localisation d'un dispositif de traitement. Donc à lire cela, seule une personne membre d'un ordre peut réaliser cela !

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